Jusqu'alors installé à Châtillon-sur-Marne dans l’ancienne demeure d’une actrice de cinéma muet, l’espace de création contemporaine IrmaVepLab emménage à Reims. Impressions. Un vernissage sans lumière, sans discours, sans champagne et… sans œuvre d’art.Des dizaines de gens qui arrivent au compte-goutte, qui se connaissent tous, polis, se saluent, prennent des nouvelles, font des projets. Ils portent des coiffures design ou des cartons à dessins, viennent de Paris pour certains, et cherchent à comprendre ce qui se passe ici.
« On attend quoi, là?
- Je ne sais pas, il va sans doute y avoir un speech ».
Tout s'explique : c'est de l'art contemporain, et tout doit s'expliquer. Mais le speech ne viendra pas. Les gens sur le trottoir semblent unanimes, même s’ils refusent de l’admettre, ou alors à demi-mot : il n’y a pas grand-chose à voir. "Mouais… ça ne me parle pas". Du coup, on n'en parle pas davantage. L'expo? Deux vidéos qui tournent en boucle (un homme dans la montagne et un garçonnet qui entoure un élastique autour d'une table), principalement. Ah, elle a beau jeu la vidéo ! Irremplaçable composante de l’art contemporain. Ca occupe, remarquez : des images, des couleurs, du mouvement, de la musique de fond... Le public est scotché, essaye d’analyser. Et puis plus loin, une poutre suspendue et un tas de cailloux ressemblant à des éponges. A l’étage, décevant couloir ne débouchant sur rien, quelques dessins gris et un texte écrit en tout petit-petit dans un grand cadre. Voilà. 8 minutes top chrono.
Le lieu? 240m2 derrière une porte cochère, qui font la fierté de l’association (soutenue par la DRAC et le Conseil Régional). Quelqu’un dit : « on se croirait dans La Petite Maison dans la prairie : une grange de ferme abandonnée ». Mais, exit Carrie Ingalls se mouvant dans la pelouse fraîche du Minesotta, on ne prend que plâtre, poussière, charpente et enduit qui salit les habits. Ce côté brut a des amateurs. Peu d'éclairage, température entre intérieur et extérieur, mise en valeur modeste de l'espace... Ca c’est sûr, on est loin du musée des Beaux-Arts. Ici, c'est l'art plutôt du côté des racines. Au président de l’association, entre deux congratulations : « pourquoi avez-vous quitté Châtillon pour vous installer à Reims ? » Réponse éclairée : «Ben… parce que le propriétaire de l’ancien lieu, qui hébergeait l’espace de création, a vendu la maison ». Mais encore ? Le concept est là, affirmé et reconnu, prêt à accueillir un nouveau public de curieux… avertis.