jeudi 16 avril 2009

Partir ailleurs pour une vie meilleure...

Shampoing sauvage dans la « jungle », terrain boisé surnommé ainsi par les hommes qui l’occupent.
Photo: JC Hanché


Jean-Christophe Hanché, photographe rémois engagé sur le thème de l’errance et des réfugiés, rentre de Calais après 15 jours passés parmi les migrants. Rencontre avec cet autre voyageur.

Le « délit de solidarité », pourtant nié par le ministre concerné, est au cœur de l’actualité. Un film, Welcome (780 000 entrées), des débats soulevés chez les politiques, dans les associations, et l’occasion pour Jean-Christophe Hanché, photographe professionnel et habitué des zones conflictuelles, de mettre en avant le travail effectué sur ce sujet. « Un véritable feu de paille prend autour de ces évènements : c’est le moment où jamais de les montrer. On parle de choses graves, sur un ton grave, puis on oublie... L’information est une marchandise comme une autre : s’il n’y a pas d’actu, ça n’intéresse plus ». Coup de projecteur, donc, sur les 800 réfugiés d’un Sangatte pourtant disparu, afghans principalement, qui aspirent à passer de l’autre côté : un eldorado vu à la télé, pour lequel ils n’ont plus rien à perdre. « Le voyage coûte en moyenne 6 000 euros : ils ne passent pas en Angleterre pour prendre du bon temps. Les familles attendent l’argent qui sera en réalité très difficile à gagner ». Une responsabilité lourde à assumer pour des voyageurs de plus en plus jeunes, parfois seulement 10 ou 11 ans. Dans cette banlieue de Calais, 4 mois après leur départ, certains gardent espoir ; d’autres, moins prêts, craignent d’avoir commis l’erreur de leur vie.

Témoin de la survie
Avec pour caution les associations d’aide aux migrants, Jean-Christophe Hanché s’est introduit progressivement au sein de cette communauté provisoire. Un flux permanent sur terrain vague, dont il raconte un peu d’histoire. « Les photos, pour ce genre de reportage, doivent décrire une situation et suffire à l’expliquer : l’informatif prime sur l’esthétique, on doit comprendre tout de suite de quoi il s’agit ». Scènes de vie et d’errance, portraits de la fatigue ou de l’espérance ; hommes qui s’excusent d’être sales, parlant d’une « vie d’avant » finalement presque normale. « A 250km de chez moi, des gens crèvent dans la forêt, ils se blessent, ils ont faim, ils sont malades : difficile d’imaginer que ça se passe en France ». Sur les clichés, au cours des distributions des repas, apparaît parfois le vice-président de SALAM, l’une des 2 associations ; il risque aujourd’hui la prison pour outrage à agent, dans le cadre d’une opération de reconduite d’immigrés afghans.

www.jeanchristophehanche.com

Agir par l’image…
Le prochain départ du photographe est fixé début mai, et ne se fera pas sans la collecte préalable de son budget. 4 000 euros minimum (dont il a déjà récolté la moitié), couvrant voyage, développements, frais de vie et déplacements. La destination choisie : Dadaab, le plus grand camp de réfugiés au monde, à la frontière du Kenya et de la Somalie. Ce sont près de 300 000 hommes qui s’entassent dans un espace réduit, en manque d’eau, de nourriture, de soins, en proie aux violences et à la survie. Le reportage sera présenté en septembre prochain au festival international de photojournalisme et fera l’objet d’un livre : pour « dénoncer l’inacceptable et refuser encore une fois, de dire que rien ne peut être fait ». Chacun peut donc, jusqu’au 29 avril, souscrire à l’opération et commander d’avance les clichés qui seront réalisés (entre 50 et 220 euros l’unité). Une contribution engagée, en faveur de vies qui n’ont pas de prix ; un gage de fraternité.

Contact : jeankristoff@hotmail.com

mardi 7 avril 2009

Sous une bonne étoile...

Adepte de l’exotique, Romain Remacly rentre de Tokyo après 3 ans passés dans les cuisines étoilées d’Alain Ducasse. Parcours eurasiatique d’un initié.

Un bac raté de peu, un an et demi d’usine, d’économies et à la clef, le rêve accompli d’un voyage en Chine : Romain, originaire des Ardennes, partait à Shanghai pour « étudier ». « 2 mois à peine après mon arrivée, je rencontrais ma femme : elle vivait à Tokyo, j’ai refait mes valises aussitôt ». Il rit, aujourd’hui, des opportunités qui se sont présentées : sans expérience et sans un mot de japonais, il sera serveur 10 mois, avant de rentrer en France. Besoin de se poser, de s’orienter. Il occupe alors toute une année en CAP cuisine, 12 heures par jour et plutôt motivé, avec à l’issue 3 mois de stage aux Crayères (apprentissage et à l’occasion, traduction pour les stagiaires japonais) : le temps au moins, de se faire remarquer. « Un type, un saucier italien, m’a recommandé au Chef, qui m’a présenté des gens. J’expliquais mon souhait de rentrer au Japon, où m’attendait ma fiancée ». Il se retrouve alors dans les bureaux parisiens du groupe Alain Ducasse (restaurant éponyme à Paris, Le Louis XV à Monaco, nouvelle école au cœur de la capitale), pour un entretien. Dans la salle d’attente, il découvre la société ; 15 jours plus tard, il prend ses fonctions Chez Benoît, établissement qui ouvre ses portes à Tokyo (à 2 minutes seulement, du restaurant où il servait l’an passé). « Avoir un Français dans l’équipe, ça fait toujours bien », se souvient-il simplement.
L’intégration a pourtant été laborieuse, dans un milieu exigeant et une cuisine capricieuse : « la vie au Japon est déjà particulièrement stressante et organisée, c’est encore pire au restaurant. 17h de travail par jour, des tensions permanentes, 8 minutes de pause pour déjeuner…». Le temps pour lui de s’habituer, de trouver sa place et d’apprendre l’audace. « Les rapports de soumission sont vraiment malsains ; il a suffi d’attendre que les autres partent, un à un ». A force de patience et d’affirmation, il gravit les échelons et finit à l’une des meilleures places de la brigade. Puis décide à nouveau de rentrer, pour retrouver le luxe de la vie privée. Au même moment, à Tinqueux, l’Assiette Champenoise cherche un cuisinier. Alors qu’il a vu l’attribution d’une 1ère étoile à Tokyo, Romain prend un peu de bon temps dans un établissement à 2 macarons. 1,5 hectares de verdure et de tranquillité, un peu de paix, beaucoup d’ambition.




lundi 6 avril 2009

Le monde selon Fero Liptak


Le peintre slovaque Fero Liptak, enchanteur de l’ordinaire et créateur d’un monde imaginaire, expose à l’Ancien Collège des Jésuites jusqu’au 10 avril. Sa peinture, fantaisiste et colorée, met en scène de curieuses petites créatures, entre naïveté et espièglerie, rêverie et cruauté. Peints sur des toiles, des blousons ou des pantalons, portant sur la vie quotidienne un regard étonné, ils semblent sortir d’un univers de fées où la magie jouxte la raison. Pour un retour à l’enfance, dans un décor d’humour et d’innocence.