samedi 20 juin 2009

D'étranges (et tristes) fleurs


Exposées à la galerie Marie-José Degrelle jusqu’au 18 juillet, les oeuvres modernes et romantiques de Fabrice Rebeyrolle explorent les champs potentiels autour des fleurs.

Il vit dans le Gard, au milieu d’arbres et de verdure, puisant une énergie créatrice aux sources de la nature. Loquace et d’esprit structuré, il nous conduit vers une série de toiles bien ordonnées, d’étranges fleurs dont les plus sombres sont ses préférées. « Soleils noirs », tournesols fanés soumis au vent et signant habituellement la fin de la créativité. Fabrice Rebeyrolle, mélancolique, imprime ici ses interrogations quant à la démarche du peintre et à la vitalité de l’art : il est mort le soleil, mais pas son empreinte. « Un peu de pigment, un peu d’eau, un trait de charbon… parfois il suffit de pas grand-chose. D’autres fois, la matière s’accumule et se travaille, jusqu’au recouvrement total ». Les « Fleurs de silence », tâches muettes projetées sur leur support, mêlent ainsi une expérience intime de la peinture au choix d’un langage pour représenter les figures.

Symboles et corolles
Immédiates et délicates – coquelicots à fleur de peau et triste iris en pleurs – ou au contraire camouflées par la matière, ses fleurs sont des ballons qui s’envolent dans les airs. Leurs attaches, minces tiges lisses et superflues, sont la trace d’une esquisse essentielle. Ainsi que le prescrit un haïku, petit poème japonais dont il est amateur, Fabrice Rebeyrolle reconnaît « la fleur en toute chose »… surtout dans le champ de ses idées. L’exposition, prolongeant un travail autour de la terre et des arbres, montre avant tout son attachement pour la poésie : il aime à creuser sa matière comme les vers de Mallarmé, jouant de la légèreté pour ses ombelles et du pop pour les formes plus colorées. Les poussiéreuses natures mortes du XIXème siècle écartées, Fabrice Rebeyrolle peint des fleurs presque corporelles, touchant l’intime et révélant la naissance d’une gestuelle.

samedi 13 juin 2009

A bord du Poudlard Express...


3ème étape de son tour de France extraordinaire, le train d’Harry Potter s’est arrêté en gare de Reims, jeudi 11 juin. Au rendez-vous, horde de gamins et fans de la 1ère heure. Reconstitution.

Mélangez 3 wagons magiques et 150 mètres de mise en scène, saupoudrez de décors, costumes et ajoutez quelques objets mythiques : vous obtiendrez une potion de fête en l’honneur de la célèbre tête à lunettes et de la sortie prochaine de son prochain opus, « Harry Potter et le Prince de Sang mêlé ». Un titre fantastique et prometteur, témoin d’une recette qui a fait ses preuves : 40 millions d’entrées totalisées en France pour les 4 premiers films et une foule empressée aujourd’hui à la gare de Reims, pour le saluer. Daniel Radcliff, la vedette, n’a pourtant pas fait le déplacement, délégant d’autres héros, chats, chouette et figurants pour assurer la promo. Entré en gare à 9h, où une vingtaine de personnes attendait déjà, le train enregistrait un peu moins de 1000 entrées à 13h : classes d’écoles primaires, adolescents et curieux de l’évènement. Sur fond de petite musique magique, vous avez pu admirer le bureau de Dumbledore, directeur de l’école de sorcellerie, ses grimoires en vitrine, flacons et autres objets astronomiques. La Boutique des frères Weasley, duo de potaches inventifs, présentait les farces et attrape, fusées ainsi qu’un étonnant « distributeur de pastilles de gerbe ».

Invitation au voyage

Si le train d’Harry Potter est resté à quai, il a programmé votre voyage à partir du 15 juillet… au moins jusque dans les salles de cinéma. Les 5 volets des aventures du sorcier figurant parmi les 20 films les plus rentables de l’histoire (970 millions d’euros pour le 1er opus, « A l’Ecole des sorciers », en
5ème position derrière The Dark Knight, Pirates des Caraïbes ou le Seigneur des Anneaux), on comprend alors le déploiement de moyens pour séduire le jeune public. L’opération ferroviaire avait déjà été conduite dans 10 villes en 2007, à l’occasion de la sortie du 4ème épisode, « L’Ordre du Phénix » (le cortège comptait alors un wagon de moins). Le train et son équipage (une vingtaine de personnes, du film ou de la SNCF), poursuivront leur chemin dans 9 autres villes françaises, pour finir leur course à Strasbourg le 21 juin.

Pattenrond, le dresseur et les photographes.

vendredi 12 juin 2009

Mythique attente au coeur du Collège...


La Chapelle de l’Ancien Collège des Jésuites abrite jusqu’au 28 juin les œuvres inédites d’Armelle Blary. Un travail méticuleux sur les thèmes de l’attente et du désir.

Les 5 installations, imposantes et cohérentes, semblent avoir été pensées pour le lieu où elles sont présentées. Le regard, tout d’abord, doit s’habituer à la pénombre de l’espace, propice à l’introspection et à la spiritualité : pour Armelle Blary, il s’agissait de faire converser entre elles ses œuvres avec la hauteur de la Chapelle, entrer en résonance ce lieu de patrimoine avec la modernité de son travail. « Pénélope », derrière des barrières comme au pied d’un autel, prend ainsi la forme du fauteuil sur lequel elle est assise alors même qu’elle le tisse, soulignant le temps qui s’écoule et l’attente interminable d’Ulysse… Le même qui, quelques pas plus loin et les pieds dans l’eau, contemple dans de petits miroirs son thorax de fer héroïque. Au-delà du travail de la matière (tapisserie, ouate, terre, laine, fil de fer…) et des heures passées sur un processus de création « élaboré mais pourtant pas laborieux », la plasticienne soigne son expo jusque dans les éléments de mise en scène. Eclairage, disposition, détails… La « Robe de Nuit », suspendue à son cintre et tournant sur elle-même, est ainsi l’objet des convoitises et des secrets nocturnes, les racines charnelles qui s’en échappent pouvant évoquer celles du désir... A ce mobile en répond un autre, femmes-colombes enfermées dans une grande volière et cherchant à s’enfuir. Enfin, presque invisible et plus près du plafond, un cœur de laine tiraillé de toute part surplombe l’exposition : les fils rouges plongent vers les oeuvres, organiques, genèse de l’amour, célébration de l’intime et du métaphorique.


mardi 2 juin 2009

Les ateliers s'ouvrent à votre esprit...

Atelier de Frédéric Voisin

Ce week-end et pour la 4ème fois, 75 artistes rémois vous accueillaient, entre espaces privés et expos groupées. Un acte de convivialité et d’ouverture sur une autre forme de culture.

Lancé en 2005 à l’occasion des journées du patrimoine (en septembre), le « parcours d’artistes » prend désormais place en mai : un évènement exclusif, plan à l’appui, qui peut attirer bien des promeneurs. Car le public, semble-t-il, aurait besoin de bonne humeur… Entre médias, banques et profils bas, la crise est globale, économique et philosophique : l’art de consommer a peu à peu remplacé la consommation de l’art, les posters Ikéa se substituant souvent aux originaux, pourtant pas si chers qu’on le croit. Dans la société, les artistes veulent avant tout garder une image de créateur, et avec elle la possibilité d’aller à contre-courant : comment donner au public une option d’évasion, une porte ouverte sur un autre univers ?

Accueil et convivialité
Frédéric Voisin, peintre de la matière, organise ainsi l’un des rendez-vous phare de ce 4ème anniversaire : l’occasion pour lui de montrer le travail d’artistes vivants, et surtout d’entamer la conversation. « L’art est un moyen de communiquer, au même titre que la littérature ou la musique : à cette occasion, nous serons sur place pour expliquer notre démarche, nos initiatives, et répondre aux questions suscitées par les différents travaux. Soyons curieux les uns des autres ! », martèle-t-il, prêt à installer les œuvres de ses 5 invités. 2 sculpteurs, Armelle Blary (fil de fer ou de laine) et Marc Gerenton (bois), 2 peintres, Michel Bénard (petits formats entre peinture, collage et calligraphie), Jean-Louis Dohr (coloriste chaud et géométrique), et enfin, un dessinateur, Eric Panda (représentations stylisées de l’ursidé). Homogénéité, diversité et… avant tout, qualité.

De la démarche au marché
Le public attendu ? Des curieux, avant tout, prêts à se déplacer, pour lesquels l’art est – encore – une nourriture de l’esprit et dont l’appétit est assez développé. « Souvent, les ateliers se trouvent en périphérie des villes, comme l’artiste lui-même, en périphérie de la société… C’est un fait sociologique intéressant : nous accueillerons tous les gens prêts à faire l’effort de venir nous rencontrer, surmontant ainsi une paralysie de plus en plus généralisée ». Familles, amateurs et collectionneurs avertis s’approcheront sans paresse, à la découverte d’œuvres et d’auteurs qu’il leur faudra revoir. « La démarche d’achat est assez léthargique en France, contrairement à d’autres pays où c’est plus courant de voir des tableaux accrochés chez les gens ». Question d’éducation, et de tempérament. « Choisir, acheter et installer une pièce ne se fait pas à la légère… Le coup de cœur est très rare : ce week-end les gens vont passer, et promettront de repasser plus tard ». La vente n’est d’ailleurs pas la priorité de cette manifestation, plutôt axée sur la communication : les portes sont ouvertes, desquelles se dégagent vibrations positives et concrètes, pour un public trop souvent complexé comme pour les artistes, ici désacralisés.

Atelier de Michel Bénard