vendredi 27 février 2009

De l'image aux personnages

Les statues bariolées du sculpteur Mélois gardent la galerie Marie-José Degrelle pendant près d’un mois. Parcours engagé entre ces géants émaillés.

Tête de Doc ou d’Einstein chic, mains marquées à coups de chaleur, le sculpteur Bernard Mélois peut se vanter d’être travailleur. Ses personnages font d’ailleurs partie de ces œuvres qu’on peut toucher sans rien risquer : l’artiste lui-même, pour faire résonner la matière, n’hésite pas à s’y confronter. « Faute d’argent, c’est dans les décharges publiques que j’ai découvert la tôle émaillée. Personne ne pensait alors qu’on pouvait la souder, j’ai simplement expérimenté ». Depuis il n’a pas changé de chantier, trouvant dans la récupération toute la couleur nécessaire pour donner vie à ses idées.
D’une part, il y a les hommages, rappels ou clin d’œil adressés aux maîtres passés. « Bébé Lou Poulit » par exemple, titre d’une pièce exposée, n’est autre que le surnom donné par sa mère à Toulouse-Lautrec. S’inspirant d’une photo du peintre à 2 ans, Mélois a reproduit l’enfant en 3 dimensions, construit le corps, les vêtements et l’air innocent avec précision. Quant à ce garçon, assis au 1er plan d’une toile de Brueghel avant de l’être dans la galerie, Mélois l’a voulu fidèle à son modèle : « le façonnage de la plume de paon, ornant son chapeau sur le tableau, a été un véritable casse-tête », s’amuse le créateur, qui aime jouer avec les mots autant qu’avec les photos. Les titres qu’il choisit, longs et détaillés, donnent d’ailleurs les clefs de toute son œuvre : « la sculpture naît toujours du projet qui l’a précédée : je connais mes titres et mes sous-titres avant de commencer à travailler, la forme n’étant que l’emballage de l’idée ». Ainsi, celle du « Saint Si Rien » (jeu de mots à ranger dans la partie dommages), vient témoigner d’un antimilitarisme assumé : un soldat imbus défile un 14 juillet, masque à gaz sur le nez et patriotisme affirmé… A voir en vrai pour mieux s’en amuser. Ou au contraire se révolter. Car les dommages proposés par Mélois, entre amusement et gravité, sont avant tout ceux de l’homme et de la société.

Aucun commentaire: